Tout le blanc du monde
Alizée Gau
- roman
- 22,50 € | 336 pages
- parution le 24 octobre 2024
- ISBN 978-2-4876-0005-8
Sur la base scientifique d’Ubunto-bay, au cœur de l’Antarctique, une poignée d’hommes et de femmes partagent un été. Le jeune Apollinaire travaille sur le chantier de fouille d’une mystérieuse épave. Johanne, documentariste, enregistre le chant des icebergs et les voix des humains alentour. Dans ce monde exposé à une seule nuit par an, chacun apprend à désapprendre pour découvrir qu’au sein des glaces palpite un monde à la mémoire vertigineuse. Mais la magie ancestrale de ces paysages ne peut faire oublier le poids des bouleversements climatiques, les dangers du travail sur le terrain et les soubresauts géopolitiques qui menacent la paix fragile de ces espaces.
Dans ce voyage littéraire sur le continent blanc, Alizée Gau nous raconte les amours et les amitiés qui se nouent entre ces hommes et femmes, chacun nomade à sa façon, leur rapport ambigu au territoire, et la beauté hostile d’un univers à son point de bascule.
- Alizée Gau a grandi sur les mers à bord d’un voilier avant d’accoster en Provence. Aujourd’hui nantaise, elle est à la fois poétesse, romancière, animatrice d’ateliers littéraires, sociaux et environnementaux.
- Revue de presseAlizée Gau explore les relations entre les humains et leur territoire d’un regard poétique.Du roman d’Alizée Gau, on ressort avec l’envie très nette de faire ses valises et d’aller découvrir ce vaste univers blanc qu’est l’Antarctique, tant qu’il en est encore temps.
Apollinaire rêvait de ce voyage en Antarctique.
Enfant, il avait découvert ébahi les premières images d’hommes atterris sur la Lune. Pourquoi ce caillou blanc était‑il aussi sec, l’univers aussi vide ? Pour s’accomplir, fallait‑il forcément partir loin de chez soi ?
Il relut le Coran sur les conseils de Dilma, à bout d’inspiration pour apaiser les questionnements de son neveu. Une histoire en appelant une autre, il écouta les légendes de son grand‑oncle pêcheur sur les voyages et les promesses amères de l’inconnu. Ni dans la religion, ni dans les traditions, il ne trouva de réponses convaincantes.
Une autre fois, alors qu’il était adolescent et que sa voix sautait entre les graves et les aigus comme un grillon de nuit, il demanda à sa tante :
— Pourquoi je m’appelle Apollinaire ? Ça n’est pas un prénom musulman.
Dilma haussa les épaules, éparpillant dans son chignon quelques volutes violettes et or qui se dissipèrent aussitôt.
— C’est le choix de ta mère, mon garçon. Pose‑lui la question.
— Elle est en France.
— Ça ne t’empêche pas de l’appeler.
Apollinaire n’avait aucune envie d’appeler sa mère ; Monaféda Bacar était partie quand il avait sept ans à l’autre bout du monde pour suivre un Blanc jusqu’à la métropole. Il n’avait jamais rencontré sa petite sœur là‑bas. Dilma savait tout cela, et soupira :
— Je crois qu’elle voulait que tu fasses de grandes choses, et que ce nom te porterait bonheur.
Une jeune institutrice avait déjà fait lire en classe un texte du poète : ses camarades avaient ricané en le dévisageant ; Apollinaire avait baissé les yeux. Nulle miséricorde sur ses épaules à cet instant, mais un poids vaniteux dont il se serait bien passé. Si on avait vraiment voulu lui porter chance, Armstrong ou Mohammed Ali aurait été de meilleur goût. Comme il en faisait la remarque, Dilma lui répondit :
— De là d’où nous venons, tu as plus de chances de devenir poète qu’astronaute, mon fils.
Parce qu’il aimait Dilma plus que toute autre personne, Apollinaire prit l’engagement de lui démontrer le contraire – et de contrarier les desseins de cette mère qui, de toute façon, ne s’était pas donné la peine de rester à Mayotte pour surveiller l’évolution de son enfant. Si la conquête spatiale était hors de portée, d’autres endroits sur Terre restaient à découvrir : les profondeurs sous‑marines et l’Antarctique en faisaient partie. D’ailleurs, moins d’hommes avaient posé les pieds dans les bas‑fonds des failles océaniques que sur la surface de la Lune.
Deux à trois fois par an, un bateau bien plus grand que la barge qui reliait Petite‑Terre à Grande‑Terre faisait escale au port de Longoni. Apollinaire savait que le navire, quand il n’assurait pas le ravitaillement des îles Éparses dans le canal du Mozambique, reliait les terres australes de l’océan Indien, transportant à son bord des scientifiques et des aventuriers en partance pour le Sud.
- Tout le blanc du monde au Prix Frontières
Nous avons le plaisir de vous annoncer que le roman Tout le blanc du monde d’Alizée Gau fait partie de la sélection des 10 romans en lice pour le Prix Frontières organisé par l’Université de Lorraine.
Ce prix récompense le meilleur roman publié en France en 2024 consacré à la thématique des frontières sous ses diverses formes. Le jury international est composé de 23 membres : personnalités du monde de la culture et du journalisme, chercheurs, étudiants et personnels de l’Université.
Verdict le 5 mars prochain.
- roman
- 22,50 € | 336 pages
- parution le 24 octobre 2024
- ISBN 978-2-4876-0005-8
- Amour, extérieur nuit
- Après la brume
- Biographie sentimentale de l'huître
- Boa
- Carnet de phares
- Corregidora
- Demi-volée
- Histoires passagères
- Je suis une île
- L'Enfant rivière
- L'Oiseau rare
- L’Octopus et moi
- La couvée
- La Dent dure
- La Ligne de couleur
- La Puissance cachée des plantes
- La Sauvagière
- Le délicieux professeur V.
- Le Patriarcat des objets
- Les Animaux de ce pays
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- Tout le monde sait que ta mère est une sorcière
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